Personnage iconique de la mode du XXe et XXIe siècle. Il est un grand couturier et styliste allemand, également photographe, dessinateur, désigner, réalisateur et enfin éditeur.

Karl naît en 1933 à Hambourg dans les heures les plus noires de l’Allemagne. Karl et ses sœurs aînées, avec lesquelles il n’a rien en commun, grandissent au sein d’un milieu aisé, dans une demeure bourgeoise de Blankenese, le quartier huppé de Hambourg. La famille possède une somptueuse villa à la campagne, le domaine de Bissenmoor plus au nord. Son père, Otto, est un entrepreneur ambitieux. Il fait fortune en important du lait concentré des États-Unis et a créé sa propre marque « Glücksklee ». Dans l’Allemagne nazie, son activité ne faiblit pas. Accaparé par son travail Otto Lagerfeld est un père absent.

En 1943, la famille Lagerfeld quitte la ville pour s’installer à la campagne, au domaine de Bissenmoor près de Bad Bramstedt. Karl s’y ennuie profondément et passe le clair de son temps dans le grenier à feuilleter de vieux magazines et à dessiner, surtout des caricatures. Un jour en lisant un vieil illustré il tombe sur une image qui le marquera à jamais, c’est un tableau d’Adolph Von Menzel : « La table ronde », qui représente un dîner à la cour de Frédéric Il de Prusse dans son palais de Sanssouci . Le faste et le raffinement le fascinent au plus haut point et nourrissent son imaginaire.

C’est durant cette période de l’enfance que Karl perfectionne son coup du crayon. Ses parents le laissent faire, jouer avec les autres enfants Karl n’en voit pas d’intérêt. Àl’école, déjà, les tenues de Karl annoncent la couleur. Vêtu d’un costume sombre, d’une cravate et d’une chemise blanche comme un adulte. Sa mère est son modèle et le restera toute sa vie. Elle avait une conception bien à elle de l’éducation de ses enfants. Elle faisait forte impression aux enfants du voisinage. Son caractère intransigeant Karl l’admet et même l’admire en secret.

Bien après la guerre, Karl n’a qu’une idée en tête, c’est de quitter ce milieu rural au plus vite. À Hambourg, il assiste à son premier défilé de mode : c’est une révélation pour lui ! Voilà le monde auquel il veut appartenir. Laissant derrière lui l’Allemagne, la campagne et l’entreprise familiale, il part vivre à Paris et travaille d’arrache-pied à ses dessins de mode, grâce auxquels il rêve de percer dans la Haute Couture.

1954 est une année décisive pour Karl Lagerfeld et un certain Yves Saint-Laurent qui remportent tous deux un prix lors d’un concours de mode. Ils deviennent amis, et seront bientôt rivaux. C’est la première fois que Karl est dans la lumière, désormais le monde de la mode lui ouvre les bras.

Elisabeth Lagerfeld n’a aucun doute sur la réussite de son fils.

« Tu as du talent alors tu dois te surpasser, si tu vises l’excellence alors tu seras formidable »

Son premier prix en poche, il part vers son destin, sans une once de nostalgie pour Hambourg, sa ville natale. Lui qui s’ennuyait à l’école commence son apprentissage chez Balmain, puis entre chez Patou où il est nommé directeur artistique.

Dans les années 1960, il se lance chez Chloé et Fendi, deux maisons où il restera longtemps fidèle. Il devient l’un des premiers stylistes indépendants de l’histoire moderne, travaillant entre la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

C’est à cette époque qu’il commence à façonner son personnage. Il a ses habitudes au café de Flore où il dessine au milieu des clients. Il y voit défiler l’élite intellectuelle et artistique parisienne. Lagerfeld affirme son style et multiplie les rencontres prestigieuses, Marlène Dietrich, le photographe Helmut Newton et Andy Warhol.

A la fin des années 1970, le talent de Karl explose , le couturier accède à la reconnaissance à laquelle il aspire, même en Allemagne. Désormais ses idées donnent le ton dans la mode, esthète et visionnaire il gravite avec aisance dans le milieu de la beauté et du luxe.

Début des années 1980, au cours de cette décennie, il relève le plus grand des défis de sa carrière et entre dans la légende. Il prend la direction artistique de Chanel, une maison mythique en pleine déroute . Il réinvente Chanel tout en respectant ses codes et la marque redémarre !

L’esthétique de Karl Lagerfeld est basée sur des contrastes noir/blanc, qui étaient également les codes couleurs de la Maison et tisse dans chaque vêtement des éléments de l’héritage de Coco Chanel.

Il choisit le mannequin Inès de La Fressange pour représenter l’image de Chanel. Elle est le premier mannequin à signer un contrat d’exclusivité avec une maison de Haute Couture et la première à devenir autant médiatisée dans l’histoire de la mode.

Ensuite, il reprendra les collaborations avec les artisans de la Haute Couture. Ces maisons au savoir-faire d’exception, de la broderie à l’orfèvrerie en passant par la dentelle comme les brodeurs Lesage et Mortex, l’orfèvre Desrues, le plumassier Lemarié, Paloma pour les flous, le plisseur Lognon, le chapelier Maison Michel, l’atelier de souliers Massaro, le bijoutier Goossens et la Maison Guillet pour la réalisation de fleurs en soie dont l’emblématique Camilla de la Maison rue Cambon.

Aujourd’hui, vingt-deux maisons sont regroupées sous le patronage de Chanel. Une initiative essentielle qui n’a de cesse d’interroger la place de l’artisanat au sein de la mode française. Depuis 2002, deux défilés par an sont consacrés à ces Métiers D’Art. Toujours très attendus, ses défilés Chanel aux décors grandioses démontrent un sens aigu de la mise en scène.

Depuis 2005, la Maison Chanel investit le Grand Palais à Paris et en fait un écrin magistral pour ses défilés Haute Couture. À chaque show son thème et son univers, reconstitué sous la verrière du lieu historique: une galerie d’art, un supermarché, un aéroport, un jardin zen, les gorges du Verdon, une brasserie parisienne, une forêt automnale, un paquebot de luxe…

Le « Kaiser » ( surnom de Karl ) continue à travailler sans relâche sur toutes ses autres activités jusqu’à l’âge de 85 ans. Les cheveux blancs tenus par un catogan, lunettes noires, col blanc montant amidonné, doigts couverts de bagues et un débit inimitable, il était reconnaissable entre tous. Karl Lagerfeld disparaît le 19 février 2019 des suites d’une longue maladie.

Le 20 juin 2019, un vibrant hommage baptisé « Karl Forever » lui est consacré au Grand Palais par la Maison Chanel, Fendi et Karl Lagerferd.